
La joie, la tristesse, la surprise ou la fierté sont des émotions que nous expérimentons tous à différents niveaux. Elles nous représentent même si nous n’en sommes pas toujours conscients.
Attention : je ne vous parle pas là de la sensiblerie moderne qui amène tout un chacun à larmoyer par principe à n’importe quelle occasion. Non, je vous parle là d’émotions très concrètes et humaines : de la joie à la tristesse, de l’envie au dégoût, du soulagement à la colère.
Comment se fait-il qu’aucun formateur ou coach en prise de parole en public n’aborde jamais cette dimension émotionnelle et sensorielle des choses ?
Je n’ai jamais, je dis bien jamais, vu, lu ou entendu un contenu de formation autour de la prise de parole en public qui explique à de futurs orateurs qu’ils devront s’exprimer aussi avec un stock d’émotions présents en eux.
Ils aborderont en surface le fait qu’il faut se concentrer sur ce que l’on veut que ressente le public et franchement je ne sais pas comment on peut réaliser cela, mais jamais ils n’accompagneront l’orateur pour que lui-même soit conscient de ce qu’il ressent. Ils n’exprimeront même jamais le fait que selon ce que l’on véhicule comme émotion (i.e ce que l’on porte en soi) notre message sera complètement transformé.
Que vous le vouliez ou non, lorsque vous prendrez la parole, vous monterez sur scène avec vos émotions. Mêmes camouflées, contenues, gérées ou refoulées, elles seront là et altèreront votre présence et votre rapport à l’audience à différents niveaux.
Pourquoi donc ne pas en profiter pour les laisser circuler, les accepter afin d’être plus authentique, plus inspirant ?
Ressentir est un acte équivalent à celui de respirer : c’est un acte réflexe, inconscient et nécessaire à notre survie.
Pour cette raison, je donne aux émotions un statut très pragmatique. Une émotion est une onde de ressenti physique qui se véhicule par le biais de notre organisme : hormones, muscles, os, épiderme, organes. Je n’invente rien : tel cadeau nous fait avoir la chair de poule, tel bruit nous fait sursauter de peur, telle vision nous tord le ventre de compassion, telle parole nous coupe le souffle, tel souvenir fait remonter nos larmes.
Il est enfin temps de voir les émotions pour ce qu’elles sont : des manifestations physiques de nos ressentis. Et pas des concepts théorisés que les grands experts de l’intelligence émotionnelle placeront sur des diagrammes alors qu’eux-mêmes ne sont pas toujours connectés à leurs ressentis.
Pas le choix : l’interaction corps-émotion est bilatérale. Soit un contact physique provoquera l’émotion : votre partenaire vous prend la main et vous ressentez tout l’amour que vous avez pour lui. Soit une émotion provoquera une réaction physique : vous apprenez la décès d’un proche et votre corps manifestera votre tristesse en vous obligeant à vous asseoir.
Pouvoir ressentir physiquement ses émotions est un luxe pour tout orateur digne de ce nom. Certains n’arrivent même pas à ressentir le poids qu’ils ont sur le sol ou sur la chaise qu’ils occupent tant ils ne sont pas connectés à leur organisme.
C’est un travail de longue haleine et cela demande une pratique régulière.
Par où commencer ?
Par le dos.
C’est en travaillant la connexion avec nos muscles dorsaux avec des mouvements adaptés ainsi que des exercices respiratoires qu’il sera possible de nous connecter aux premières émotions directement accessibles.
Le dos s’affaisse lorsque la tristesse nous touche. Le dos nous tire vers l’arrière quand nous avons peur. Le dos nous pousse vers l’avant lorsque nous sommes motivés ou joyeux.
En jouant sur la connexion corps-émotion citée plus haut, c’est en activant notre dos à bon escient que les émotions sous-tendues apparaîtront naturellement.
Et ce ne sera pas de la sensiblerie.
Ce seront de vraies bonnes émotions, ressenties physiquement, avec lesquelles l’on se sentira enfin à l’aise et qui nous permettront de nous exprimer de manière un peu plus sincère, un peu plus authentique, avec un peu moins de carapace sur le dos.
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