La Prise de Parole en Public : J’ai peur, Tu as peur, Nous nous connectons !

Les bons formateurs à la prise de parole en public expliquent que pour que la prise de parole soit de qualité et que les gens vous écoutent, il est important de créer une connexion avec l’audience.

Tout à fait exact.

Mais comment créer une connexion avec des humains, si l’on n’est pas connecté à soi-même ?

Si vous demandez à quelqu’un sur le point de prendre la parole comment il va, il y a de fortes chances pour qu’il prenne un grande inspiration et qu’il réponde « Ca va, ca va.« 

Ce que tout son être véhicule c’est : « Je suis tendu, crispé, j’ai peur et le fait de te parler me rend encore plus nerveux, tu peux me laisser s’il te plaît ?« 

Pouvoir se connecter à une audience nécessite d’abord d’être au clair avec soi-même.

Cet orateur pourrait assumer son état de stress, arriver sur scène et dire : « Avant de commencer, je tiens à vous dire que je suis vraiment impressionné par tout ce monde. Je risque de bafouiller. Oui, je sais, pour quelqu’un qui doit prendre la parole, c’est pas cool.« 

Il y a de fortes chances qu’il déclenche un rire général ou du moins une vague de sympathie. Mais la connexion au public ne viendra pas de la dernière punchline. Elle viendra du fait qu’il aura exprimé sa peur d’être devant du monde.

Et pourquoi cela aura-t’il créé une connexion ? Parce que l’audience elle-même serait morte de trouille à sa place. La plupart des gens n’aime pas se retrouver scrutée par des dizaines de paires d’yeux. L’audience admire l’orateur quand il monte sur scène car elle sait ce que cela représente que de se retrouver devant du monde pour prendre la parole.

Lorsque l’orateur dit qu’il est crispé, les personnes présentes dans le public vont se connecter à ce sentiment qu’ils connaissent bien et trouveront courageux que l’orateur ait pris le temps d’exprimer son état. C’est grâce à cela que l’audience va s’identifier à l’orateur.

Beaucoup seront tentés de dire : « On ne peut pas dire qu’on est stressé, il faut le cacher ! » Ah, la fierté, l’orgueil, l’ego. Toute cette carapace qui cache une vraie vulnérabilité : la peur d’être vu avec nos failles. La peur d’être vu pour qui nous sommes.

Ce sont nos failles qui nous rendent humains. Et selon moi, une prise de parole c’est avant un être humain qui va à la rencontre d’autres être humains. Pour que l’audience laisse tomber sa carapace, l’orateur doit faire tomber la sienne en premier.

De plus, une fois que l’on dit que l’on est stressé sur scène, le stress disparaît.

Regardez cette courte vidéo (2min environ) de Paul Gilbert, guitar héro américain dont je suis un grand fan. Ce monsieur est un virtuose de la guitare. Il est sur le point de jouer un morceau de Bach. Regardez ce qu’il fait aux alentours de 0’15 ».

Vous avez vu ? Il accroche sur une note, il s’arrête et dit clairement qu’il est nerveux. Il reprend son souffle, recommence, et il repart tranquillement. Pour finir sous les applaudissements.

S’autoriser l’erreur, c’est laisser la carapace dans les loges. C’est aussi une manière de se connecter à notre humanité et donc de mieux se connecter à l’audience. Prendre la parole est un acte de connexion. Pas un acte de performance. Pas un acte de perfection.

Pour résumer, une émotion qui ne circule pas est une carapace qui nous sépare de l’autre.

Une émotion assumée permet d’envoyer le message : « Je suis confiant parce que je sais que vous n’allez pas me juger pour mon état de stress et que vous aurez compris que je suis comme vous.« 

Une personne qui dit qu’elle est stressée avec humilité déclenche de l’empathie.

Une personne qui est stressée et qui force pour gérer son stress transmet quoi ?

Du stress.

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