La Prise de Parole en Public est une danse.
On ne peut pas tout contrôler : ni la réaction de ceux qui nous écoutent, ni l’état dans lequel nous serons au moment de nous exprimer.
Il n’est pas rare de se sentir fébrile ou tendu avant de monter sur scène pour s’exprimer.
Et c’est normal : s’exposer devant une audience est quelque chose qui met nos sens en alerte.
Vouloir montrer que l’on est fort en y mettant tout son mental est la meilleure chose à faire pour rigidifier tout notre être et ne pas être accessible aux yeux du public.
J’ai pratiqué les arts martiaux très longtemps. Le Judo notamment.
Dans cette discipline, se crisper intérieurement, résister coûte que coûte mène souvent à la blessure. Notre professeur de Judo ne cessait de le répéter : « Si vous sentez que ça part, laissez aller ! Cela préservera vos clavicules. »
En clair : « Si votre adversaire a pris le dessus, qu’il va vous projeter et que vous sentez qu’il est trop tard, ne résistez pas. »
Pourquoi vouloir contrer mentalement un ressenti physique et émotionnel ? Pourquoi ne pas plutôt respirer et accepter cette fébrilité ou cette tension ? Pourquoi ne pas danser avec elles et les laisser nous accompagner sur scène ?
Ce n’est pas parce nous nous sentons vulnérables à l’intérieur que nous allons nous effondrer à l’extérieur.
Mais il est vrai que nous prendrons plus de temps pour articuler calmement. Peut-être ferons-nous une pause un peu plus longue afin de nous rassurer nous-même. Peut-être offrirons-nous un sourire à l’audience afin de nous appuyer sur un regard ami et continuer malgré notre sensibilité du moment.
Au final, nous pourrions bien vivre ce moment et avoir confiance dans le fait que ce que nous ressentons fait partie de nous mais ne nous limite pas à ce moment-là.
Qu’y a-t’il à craindre ?
Notre squelette nous soutient. Il est articulé par des muscles profonds. Notre cage thoracique va alimenter tout notre organisme en oxygène. Nous pouvons nous laisser aller à accepter ces ressentis pas toujours agréables mais qui font partie de nous.
S’ils circulent, c’est que nous sommes bien vivants.
S’ils circulent, ils feront partie de notre prise de parole.
S’ils circulent, ils feront partie de ce que nous enverrons à l’audience.
Et qu’enverrons-nous à l’audience ?
L’image et le comportement d’une personne qui a le courage de prendre la parole mais qui comme tout le monde, est traversé par la vie.
Un humain.
Authentique.

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