Il n’est pas rare que l’on se retrouve pris en défaut sur scène lors d’une prise de parole.
Le cas le plus typique est celui du trou de mémoire.
C’est là où commence le bluff.
Faire croire à l’autre que vous avez du jeu en main, alors que dans les faits, vous êtes sec.
Dans la partie de poker qui se joue sur scène, pour masquer la faille, on rassemble ses notes, on boit un peu d’eau. Si on est humoriste on interpelle le public gentiment pour faire croire à un moment de connivence improvisé.
Jusqu’à ce que le texte revienne.
Mais il arrive que le texte ne revienne pas.
Que faire dans ces cas-là ?
Le dire tout simplement.
Depuis la scène, il m’est arrivé de dire : « Y a des artistes parfois qui perdent leur texte. Monsieur, vous n’auriez pas trouvé mon texte par hasard ? »
Pourquoi jouer la carte de la franchise ? Parce que dans les faits, la prise de parole n’est pas une partie de poker.
Nous n’affrontons pas le public.
Nous ne cherchons pas à gagner contre le public.
Il n’y a donc aucune raison de bluffer.
Et si l’on ne sait pas répondre à une question ?
Dites-le : « Je ne sais pas ».
Pourquoi mentir à des gens qui vous font confiance au point de vous donner leur attention pour plus d’une heure sur scène ? Par ego, par orgueil ?
Et si quelqu’un nous rappelle que nous affirmons le contraire de ce que nous avions dit précédemment ?
Reconnaissons-le : « En effet, j’ai changé d’avis. Je ne pense plus de la même manière »
A une époque si factice, si marketée, les gens ont besoin de franchise, de sincérité.
De simplicité. D’authenticité.
On peut continuer à bluffer afin de donner le change.
Mais on peut aussi changer la donne.
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